Vivre et s’entraîner en Chine, pas si facile ?

 

Entraînement Equipe de Shanghai
Entrainement Équipe de Shanghai

Alors que certains d’entre vous vont peut être partir s’entraîner en Chine l’été prochain, Ghyslain qui y travaille depuis deux mois vous propose un premier coup d’oeil sur la vie sur place et sa pratique du Wushu. Il s’agit du début d’une série de plusieurs articles, donc ne manquez pas de vous rendre sur notre site de temps en temps pour vous tenir aux nouvelles !

Article 1, partie 1 :

Depuis que j’ai commencé le Wushu et le chinois, je crois que j’ai toujours voulu vivre en Chine. Évidemment, même si beaucoup de choses me plaisent là-bas, si je veux être totalement honnête, c’est surtout pour le Wushu que je voulais y vivre. J’ai d’ailleurs eu plusieurs occasions (plus ou moins réussies) de le faire en deux ans de présence sur place depuis mes 18 ans… Dans mon long périple pour trouver un club en Chine, j’ai fait toutes sortes d’expériences : des écoles où la moyenne d’âge était de 8 ans, aux entraînements dans les parcs avec de vieux maîtres, en passant par des cours avec des « charlatans », jusqu’aux entraînements en équipe professionnelle avec des athlètes et professeurs anciens champions de Chine (évidemment mon meilleur souvenir).

En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, trouver un (bon) club de Wushu en Chine n’est pas chose aisée, et encore moins quand on est occidental.

Premièrement, il vous faut prendre un outil de comparaison : Vous êtes un jeune français. Si on oublie le foot, parmi les véritables sports nationaux et d’origine française, on trouve le jeu de paume et la pétanque. Combien de jeunes français normalement constitués veulent faire de la pétanque en France (à part pour l’apéro) ? Ce qui marche en France c’est le Foot, le Basket, etc … et pour les arts martiaux le Judo et le Taekwondo. Des sports « importés », à forte présence médiatique.

Et bien en Chine c’est pareil. Le Wushu que l’on aime tant à beau être le sport national, il se meurt. On ne peut pas leur en vouloir car nous faisons la même chose avec les sports cités au-dessus. En Chine, les jeunes font du Basket et du Taekwondo, BEAUCOUP de Basket et de Taekwondo. A tel point que quand vous cherchez des clubs de Wushu en Chine, 70% d’entre eux sont des clubs de style Shaolin mixant Sanda et Taekwondo, car c’est ça qui rapporte, pas le reste.

Dans les 30% restants, il va vous falloir faire le tri… Comme les chinois ne s’intéressent plus au Wushu (comparez la densité du public dans les vidéos des compétitions des années 80 avec celles d’aujourd’hui), les professeurs non légitimes ont beaucoup plus de pouvoir. Et oui, personne ne peut contredire leur niveau vu que presque plus personne ne connaît le Wushu.

Une fois ce tri fait, on rentre dans la partie la plus intéressante. Il vous reste 20% de clubs et professeurs à visiter. Plusieurs facteurs rentrent alors en compte dont les 3 plus importants sont d’après moi : le style (moderne ou traditionnel), le niveau du professeur (et/ou de ses élèves), et la région dans laquelle vous vous trouvez. La Chine est gigantesque, et si comme moi vous vous trouvez dans une « petite ville », il y a des chances que les clubs de Wushu se comptent sur les doigts d’une main.

Conseil : Oubliez tout de suite les clubs types « Shaolin ». Que vous partiez en Chine pour y vivre où pour vous entraîner pendant 1 mois, n’oubliez pas que Shaolin est devenu une marque plus qu’une preuve d’authenticité. Que ce soit dans de petites écoles ou de grands complexes de 40.000 élèves, vous n’en tirerez aucun profit valable à part la fierté de dire que vous vous êtes entraînés à Shaolin. Si vous aimez vraiment le style traditionnel Shaolin, vous pouvez l’apprendre autrement.

Ca vous laisse 10% de clubs intéressants. En général, que l’on parle de traditionnel ou de moderne, il s’agit de clubs dirigés par d’anciens athlètes et/ou descendants d’un style particulier. Encore une fois, votre chance de trouver un club qui vous corresponde va dépendre de votre niveau mais aussi de la région géographique. Evidemment vous avez beaucoup plus de choix dans les grandes villes (Beijing, Shanghai, Guangzhou, …) que dans les autres. Ensuite selon ce que vous voulez faire, certaines régions sont plus propices que d’autres : Même si ce n’est pas toujours vrai, vous aurez plus de chance de trouver un bon enseignant de Nanquan dans le sud que dans le nord, et vice versa (idem pour les styles traditionnels).

 

Globalement, d’après mon expérience, je vous conseille les grandes villes pour pratiquer le moderne en haut niveau. Les moyennes à petites villes sont largement suffisantes si vous êtes encore débutants où si vous cherchez un enseignement plus traditionnel. Toutefois, les enseignants de haut niveau seront tout aussi compétents que d’autres pour vous enseigner un style traditionnel … seule la méthode changera, mais vous souffrirez quoi qu’il arrive ;).

La suite la semaine prochaine dans la partie 2 ! D’ici là, bon entraînement à tous !

Ghys

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